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ne connais personne qui l’ait tentée directement. Il n’y a que M. Hugi qui ait traversé la mer de glace dans cette direction (de Lotsch à Viesch), et il décrit cette course comme la plus pénible de toutes celles qu’il a effectuées[1].

Les faits qui prouvent une plus grande extension des glaciers que celle qu’ils ont aujourd’hui, se tirent essentiellement des anciennes moraines plus ou moins éloignées de l’extrémité actuelle des glaciers ; et certes on ne saurait exiger des preuves plus convaincantes pour démontrer que les glaciers qui les ont accumulées occupaient autrefois tout l’espace qui les en sépare maintenant. Les vallées des Alpes sont remplies de moraines pareilles, et leur distance des glaciers varie dans des limites très-considérables. Mais il s’agit de savoir à quelle époque elles ont été déposées, et ici nous touchons à une question des plus difficiles de l’histoire des glaciers. Il est probable que celles qui sont très-rapprochées de l’extrémité des glaciers ont été en partie déposées pendant les temps historiques ; car tous les glaciers dont l’extension a été plus grande pendant les deux derniers siècles ont dû déposer des moraines plus ou moins considérables en se retirant. Telles sont probablement les moraines terminales du glacier du Rhône, dont la première était, en 1826, d’après les observations de M. Venetz, à 1 408 pieds

  1. Hugi, Naturhistorische Alpenreise, p. 279.