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genre qui attestent de fréquens conflits entre les glaciers et les cours d’eau qu’ils interceptent.

M. de Charpentier est le premier qui ait fait remarquer l’importance géologique du phénomène qu’offrent ces petits lacs avec leurs dépôts irrégulièrement stratifiés. Il a signalé, dans la vallée du Rhône, d’anciennes moraines qui présentent le même aspect et qui ont été remaniées sur le bord du grand glacier qui en remplissait le fond. Celle que j’ai vue avec lui, au-dessus des bains de Lavey, dans une localité où le flanc droit du glacier fut sans doute baigné par une flaque d’eau, est l’une des plus intéressantes que l’on puisse voir. Depuis, j’ai reconnu plusieurs moraines semblables dans d’autres localités et même dans le Jura, où elles occupent les différens niveaux correspondant aux arrêts survenus dans le retrait des anciennes glaces ; elles s’y voient même sur une bien plus grande échelle que dans les Alpes.

Il se forme encore d’une autre manière de petits lacs au bord des glaciers : c’est lorsque deux grands glaciers se réunissent dans une vallée inférieure sous un angle très-ouvert de manière à se prendre de flanc l’un l’autre. L’eau qui s’accumule à leur point de jonction occasionne d’abord un petit lac, qui va en grandissant jusqu’à ce qu’il déborde sur le glacier ; mais il arrive aussi que, par suite du mouvement progressif des deux glaciers, la flaque d’eau qui se trouve entre deux est refoulée sur le glacier à la manière des mo-