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cause de la chute des masses de glaces qui nagent à la surface du lac. Minées à leur surface inférieure, lorsque le poids des masses du glacier qui surplombent l’emporte sur leur adhérence, celles-ci se détachent et flottent sur l’eau jusqu’à ce qu’elles échouent sur ses rives. M. Martins explique de la même manière la chute des masses de glace qui forment les îles flottantes du Nord[1].

Des effets semblables sont également produits sur les côtés des glaciers lorsque, descendant d’une vallée latérale, ils viennent barrer le fond de la vallée dans laquelle ils débouchent ; alors les eaux qui coulent dans la vallée inférieure s’accumulent en amont du glacier et finissent par former de véritables lacs qui s’élèvent jusqu’à déborder le glacier, ou qui acquièrent avec le temps assez de force pour rompre la digue qui les retenait et se frayer un passage avec un fracas épouvantable, entraînant et renversant tout devant eux et occasionnant d’affreux dégâts à de grandes distances. Telle a été la débâcle de la vallée de Bagne, qui fut barrée par le glacier de Gétroz et qui se transforma en un grand lac qui rompit enfin sa digue en 1818, et balaya et dévasta toute la vallée jusqu’au delà de Martigny (voy. p. 156). Les vieilles chroniques suisses sont remplies d’histoires de ce

  1. Martins, Observations sur les glaciers du Spitzberg, dans la Bibliothèque universelle de Genève, No 53, p. 158. ― Bulletin géologique de France, Tom. 11, p. 288.