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glacier, le long de ses crevasses et sur les pans de sa face inférieure, de nombreuses gouttières qui en suivent toutes les sinuosités, et vont grossir le torrent qui coule sous sa base. J’ai mesuré sur plusieurs glaciers la température de ces petits filets d’eau, et je l’ai invariablement trouvée à 0°, quelle que fût la température extérieure ; j’ai même répété cette observation pendant plusieurs années consécutives, et plusieurs fois par jour sur plusieurs glaciers de la vallée de Chamounix, sur ceux de Trient, de l’Aar, d’Aletsch, de Zermatt, de Saint-Théodule et de Zmutt, sans remarquer jamais la moindre différence entre eux, aussi long-temps qu’ils ruisselaient sur de la glace pure ; mais dès qu’ils viennent à serpenter entre des lits de gravier, leur température s’élève et varie de +0,1 jusqu’à +0,7. Lorsque tous ces petits filets se réunissent de manière à former des ruisseaux ou même des torrens, ils conservent encore leur température de zéro, mais avec une tendance à pointer un peu au-dessus ; c’est ce que j’ai observé sur la mer de glace de Chamounix, sur le glacier inférieur de l’Aar et sur celui d’Aletsch, mais surtout dans les nombreux ruisseaux et les torrens considérables qui serpentent à la surface du glacier de Zermatt, et se précipitent avec fracas entre les parois des crevasses. J’ai remarqué la même chose pour tous les creux, quelles que fussent leurs dimensions et leur profondeur, lorsque le fond était de glace pure ; ainsi l’eau