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glaciers, de même on pourrait supposer que les roches polies avec leurs stries et leurs sillons sont dues à des causes qui auraient agi avant que les glaciers existassent, et qu’elles se seraient simplement conservées, malgré l’action que les glaciers exercent sur elles. Mais pour que cette supposition fût soutenable, il ne faudrait pas que les roches polies fussent toujours plus ou moins altérées à des distances que l’on prétend avoir toujours été hors de l’atteinte des glaciers, et d’autant plus évidentes qu’elles sont en contact plus direct avec lui ; il ne faudrait pas que dans le voisinage de certains glaciers, dont le fond s’altère facilement, toutes traces de roches polies disparussent à distance de ses bords, et qu’il n’en existât que sous la glace même ; il ne faudrait enfin pas que lorsque le glacier s’avance de nouveau, il en reformât de nouvelles là où il n’y en avait plus, comme je l’ai observé sous le glacier de Rosenlaui, qui, en avançant, cette année, a rafraîchi et non point effacé le poli et les stries d’une partie de son lit, que j’avais vu abandonné par lui les années précédentes. Ce dernier fait est concluant, et il prouve, malgré tout ce qu’on a pu en dire, que les roches polies, leurs stries et leurs sillons sont bien dus aux glaciers et uniquement aux glaciers.

Les surfaces polies par l’eau ne présentent jamais la moindre trace de stries. Aussi ceux qui s’obstinent à rapporter toutes les roches polies à l’effet de l’eau, sont-ils très-embarrassés lorsqu’on leur demande une