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des courans de boue chargés de gravier pourraient seuls avoir produit de semblables effets. Or, je le demande, le mouvement d’un glacier dans son lit et sur son fond est-il plus régulier et plus constant que celui d’un cours d’eau ? et la dilatation de la glace dans divers sens ne peut-elle pas aussi bien déterminer des déviations dans la direction des stries que les vagues d’un torrent ? si tant est que l’on parvienne jamais à démontrer que les eaux courantes, charriant du gravier, raient leur fond !

Au lieu de simples stries, on observe quelquefois sur les roches polies de véritables sillons, semblables à des sillons tracés par le socle d’une charrue, suivant la direction générale du mouvement du glacier, et dont les parois sont striées, comme les surfaces plus évasées. Ils sont ordinairement déterminés par des accidens géologiques, tels que la direction des couches, la disposition de leurs têtes, la présence de filons ou de fissures, l’alternance de couches de différente nature, etc., sur lesquels le glacier agit avec plus d’efficacité que sur des surfaces homogènes. On les distingue toujours des lapiaz ou karren, dont il s’agira plus bas, à l’aspect de leur poli, à l’égalité de leurs parois et à la continuité des stries qui les longent.

Tout comme on a pu prétendre que les galets arrondis sur lesquels les glaciers se meuvent, dans leur partie inférieure, étaient d’anciens terrains meubles provenant d’une époque antérieure à l’existence des