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des parois de la vallée, et qu’il s’en reforme continuellement à mesure que les plus anciens sont poussés dans la partie inférieure de la vallée. J’insiste sur ce point, parce que tout récemment M. Godeffroy a prétendu que les glaciers reposaient sur un terrain détritique tertiaire, qu’ils refoulaient sur leurs bords pour former les moraines. Rien n’est cependant moins fondé que cette assertion ; les détritus sur lesquels les glaciers reposent n’ont aucun des caractères des terrains en série ; ils ne renferment jamais de fossiles, et pour quiconque sait observer, il est évident qu’ils se forment de nos jours et tous les jours, de même que les sillons, les stries et les surfaces polies du fond des glaciers, que l’on a également voulu envisager comme de formation plus ancienne.

La surface inférieure de la glace elle-même, quoique lisse et unie comme un glaçon que l’on aurait poli sur une meule, est généralement garnie de petits grains de sable ou de petits fragmens de roche qui la rendent plus ou moins âpre au toucher, et en font une sorte de râpe, comme serait une plaque de cire que l’on aurait fortement pressée sur du gravier. Des lignes sinueuses plus ou moins distinctes indiquent les contours des fragmens angulaires de la glace usée sur le fond par le frottement. C’est du contact de cette surface avec la roche solide du fond, aidé du mouvement du glacier, que résultent les polis, les stries et les sillons si variés que l’on voit sur le fond de tous les glaciers.