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qu’elles ne peuvent plus être d’aucun usage. De douze personnes renversées, dix ont eu la vie sauve ; une a été trouvée morte dans les décombres, une autre n’a pas reparu.

« L’éboulis, composé de neige, de glace et de pierres, a envahi les prés et les champs au-dessous du village, sur une étendue d’au moins 2 400 pieds de long et 1 000 pieds de large ; sa hauteur est d’au moins 150 pieds, terme moyen ; de manière que toute la masse éboulée équivaut à un volume de 360 000 000 pieds cubes. Le dommage causé peut être évalué à environ 20 000 francs. Un fait très-curieux, c’est que plusieurs granges situées sur la rive opposée au-dessous du glacier, bien que recouvertes à-peu-près complètement, n’ont cependant point été endommagées ; elles étaient abritées contre le coup de vent. Ce qui est plus remarquable encore, c’est qu’il n’y ait eu que deux personnes tuées, quoique plusieurs familles aient été enlevées avec leurs maisons et enterrées sous des décombres de neige. Les prompts secours du curé, qui n’avait souffert aucun dommage dans sa maison, et des deux marguilliers qui avaient échappé au danger dans le clocher, ont beaucoup contribué à sauver ces malheureux.

« Ce n’est pas la première fois qu’une pareille catastrophe frappe le village de Randa. En 1636 il fut dévasté par un semblable éboulement, et 36 personnes perdirent la vie : on prétend que cette fois tout le gla-