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tention que lorsque la masse éboulée cause des dommages considérables. Il n’est personne qui n’ait entendu parler de la débâcle occasionnée dans la vallée de Bagnes par le glacier de Gétroz. Ce glacier se termine brusquement au-dessus d’une paroi abrupte du Mont-Pleureur, d’environ 500 pieds de haut. Les masses qui s’en détachaient continuellement occasionnaient autrefois, en tombant, une sorte de digue qui entravait l’écoulement des eaux de la Dranse, qui coule au pied du glacier. En 1815, les débris du glacier augmentèrent à tel point, qu’ils formèrent, pendant l’hiver de 1817 à 1818, une digue de 500′ de haut, sur 800′ de large. Les eaux s’accumulant derrière cette digue, finirent par y former un véritable lac, dont le niveau alla constamment en montant jusqu’au 16 juin 1818, où la pression de l’eau étant devenue trop forte, la digue se rompit subitement. Cette masse d’eau, tout-à-coup affranchie de sa barrière, s’écoula avec une telle impétuosité, qu’elle ravagea toute la vallée de Bagnes, jusqu’à Martigny[1]. Déjà en 1595, cette même vallée fut inondée par une chute de ce glacier. Ces chutes continueraient encore à l’heure qu’il est, si, pour prévenir de nouvelles débâcles, M. Venetz n’avait eu l’heureuse idée de couper le glacier à l’aide de courans d’eau qu’il fait arriver à sa surface, de manière

  1. Meismer, Naturwissench. Anzeiger, 1818, No 12.