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dans laquelle j’ai séjourné moi-même cette année est à 2 000 pieds au-dessus de celle de M. Hugi. J’ai eu soin d’inscrire sur l’une des parois du bloc qui nous servit de toit, la distance de là à l’Abschwung, qui est de 797 mètres. J’ai en même temps taillé des points de repères sur les deux flancs de la vallée.

Peut-être parviendra-t-on quelque jour à connaître le trajet que les moraines font dans un temps donné ; mais pour arriver à des résultats généraux à ce sujet, il importerait de faire pendant de longues années des observations suivies sur un grand nombre de glaciers, en tenant compte à la fois de l’action si variée des agens atmosphériques, ainsi que de la forme, de la position et de l’inclinaison des glaciers. Or, de pareilles expériences ne sont point à la portée des particuliers ; il n’appartient qu’aux grands corps savans d’en tenter l’exécution, en établissant des stations fixes pour l’observation.

Mais si le fait de la marche des glaciers ne souffre aucun doute, il s’en faut de beaucoup que l’on soit d’accord sur la manière dont cette progression s’opère. Autrefois l’on admettait tout simplement qu’ils glissaient sur leur fond, en vertu de leur propre pesanteur, et que ce glissement était favorisé par les eaux au fond de leur lit. Cette explication paraissait d’autant plus naturelle que tous les glaciers sont plus ou moins inclinés. C’était l’opinion de Saussure, qu’il avait empruntée à Gruner, et c’est ce qui fait que, de