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Nous avons dit, en traitant des glaciers en général, que leur origine est dans les régions supérieures ; c’est là, dans les mers de glace et sur les cimes qui les environnent, que tombe annuellement cette immense quantité de neige qui sert à les alimenter. Simler et Scheuchzer sont les premiers qui aient attribué à la transformation de cette neige en glace la formation des glaciers. Plus tard, cette idée a été abandonnée par Gruner qui lui en a substitué une toute contraire et complètement erronée : il paraît avoir emprunté son explication à la manière dont les couches de glace se forment en hiver sur le bord des bassins de nos fontaines ; car il suppose que les glaciers sont dus à l’accumulation des eaux qui, ne pouvant s’écouler pendant l’hiver, se congèleraient dans les hautes vallées des Alpes, et donneraient ainsi lieu aux glaciers. De Saussure et, après lui, Toussaint de Charpentier[1] ont de nouveau démontré que la glace des glaciers est toute différente de celle qui se forme par la congélation de l’eau, et que c’est là une conséquence de son mode de formation.

Des opinions diverses ont été émises sur l’état primitif de la neige dans ces hautes régions. M. Hugi, qui très-souvent a eu à lutter contre le mauvais temps au milieu de la mer de glace de l’Oberland bernois, à des hauteurs de 10 et 12 000 pieds, décrit la neige qui y

  1. Gilbert’s Annalen der Physik, vol. 63.