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fort bien démontré de Saussure, protègent la glace contre l’action dissolvante du soleil, tandis que les derniers en accélèrent la fonte. Cette action diverse de corps semblables ayant les mêmes propriétés physiques peut paraître paradoxale au premier coup-d’œil ; cependant elle n’en est pas moins naturelle, et voici comment : les grands blocs acquièrent, à leur surface, sous l’influence des rayons solaires, une température qui est de beaucoup supérieure à celle de la glace ; mais cette température ne se communique pas à toute leur masse ; d’où il résulte que, tandis que leur face supérieure est à une température élevée, leur surface inférieure conserve la température du glacier, en même temps qu’elle protège l’espace qu’elle recouvre contre l’action des rayons solaires et des vents secs. Tout le contraire a lieu pour les petits fragmens et les graviers ; ceux-ci, à raison de leur volume, transmettent facilement à toute leur masse la chaleur que leur face supérieure emprunte aux rayons du soleil. Ils acquièrent ainsi en peu de temps une température assez élevée, et, fondant la glace autour et au-dessous d’eux, ils pénètrent dans la masse du glacier. Mais ils ne s’y enfoncent pas indéfiniment ; je n’en ai jamais vu à plus d’un pied de la surface, et cela se comprend : aussi long-temps qu’ils sont à la surface, ils reçoivent la chaleur extérieure, non seulement par leur face supérieure, mais aussi latéralement. Une fois enfoncés dans le glacier, leur surface supérieure