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mettre à l’honneur de la lutte. Quos ego… sed motos prœstat componere fluctus. Une insurrection pour la liberté du fouet et pour le maintien d’un privilége ! En ne sévissant pas contre eux, mais en accordant aux opprimés une bonne justice et des garanties pour l’avenir, les colons quitteront ce langage hautain, et retomberont dans l’esclavage de la raison. »

Il eût été digne de la fermeté de caractère et de l’honorable réputation dont jouit M. le général Donzelot de répondre sur ce ton.

Mais dans l’ignorance où nous sommes des circonstances qui l’environnent, gardons-nous de l’accuser.

Suspect lui-même aux jeux des colons, il a cru peut-être plus prudent de céder pour un moment à l’orage, en se réservant de faire connaître à V. M. les véritables causes du triste événement qui nous occupe, et d’en solliciter lui-même la réparation.

Qui nous dit qu’il n’est pas notre plus zélé défenseur aux pieds du trône de V. M. ? Puisque l’ordre de bannissement dont nous nous plaignons, lui a été imposé, nous sommes autorisés à croire et à dire que la proclamation du 20 décembre 1823, adressée à MM. les commandans des bataillons de milices, et aux commissaires-commandans des paroisses, n’est pas de lui.

Voici les termes de cette proclamation :

« Quelques agitateurs se sont emparés d’une classe crédule et peu éclairée, pour la pousser au désordre par l’espoir d’un changement prochain dans la législation politique des colonies. Des pamphlets, distribués clandestinement, ont trahi de coupables vœux, et produit le déplorable effet d’enflammer les esprits de toutes les classes de la population.

« Que tous les habitans de la Martinique soient convaincus que je saurai maintenir l’ordre et la tranquillité.