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« C’est entre vos mains, M. le Général, que le Roi a mis son autorité ; vous n’êtes seulement pas administrateur, vous êtes aussi, et avant tout, gouverneur. C’est de vous seul que dépend la tranquillité publique, et c’est vous qui en êtes responsable ; c’est vous qui répondrez au Roi, et à la colonie, des malheurs partiels qui pourraient arriver.

« Nous devons ajouter, pour faire connaître à V. Exc. l’opinion entière des habitans, qu’ils attribuent ce qui arrive aujourd’hui aux idées négrophiles[1], et à la conduite de plusieurs personnes qui entourent V. Exc. et qui se sont attiré l’animadversion de la colonie.

« Il est des hommes qui, depuis cinq à six ans, semblent prendre à tâche d’émettre des opinions extrêmement contraires au système colonial ; il n’est pas étonnant que ces hommes placés en évidence, auprès du gouvernement, aient d’abord perverti les esclaves, et ensuite les mulâtres libres. C’est à eux que nous avons dû, l’année dernière, la révolte des esclaves du Mont-Carbet, et c’est à eux que nous devons la manifestation des prétentions des mulâtres ; ceux-ci, nous le savons, ont l’audace de s’étayer de votre nom, et de se vanter de l’appui des personnes que nous venons de désigner. Mais quelles que soient les menées et les intrigues des uns et des autres, nous devons dire à V. Exc. que les habitans de la Martinique sont unanimement décidés à maintenir et défendre, à quelque prix que ce soit, l’état actuel de la législation, et à ne jamais laisser porter aucune atteinte aux réglemens coloniaux. Si le gouvernement avait un jour le projet d’y faire quelques changemens, nous prions V. Exc. d’être notre organe auprès de lui, et de lui faire bien comprendre que comme

  1. c’est-à-dire philanthropiques.