Page:Affaire des déportés de la Martinique, 1824.djvu/43

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une dénonciation des créoles, de conspiration contre le salut de la colonie ?

Le gouvernement britannique n’a cru pouvoir rien faire de plus sage, que de mettre à exécution un système d’organisation politique, conforme à la Charte de Louis XVI. Pourquoi donc répudierait-on aujourd’hui son ouvrage ?

Les vœux de la population libre et industrieuse des colonies ne sont-ils pas légitimés aussi par la concession que V. M. a faite d’une Charte aux Français de la métropole, qui a pour premier principe l’égalité des droits, par l’allusion évidente et par les promesses consignées dans l’article 73 de cette Charte, et dans l’ordonnance du 22 novembre 1819 ?

Les habitans de la Martinique peuvent d’autant moins l’oublier, que la sollicitude paternelle de V. M. s’était manifestée d’une manière toute particulière à leur égard, par l’envoi d’un commissaire spécial, M. le baron de la Mardelle, dont la mission était d’organiser définitivement la colonie[1].

Les vœux des hommes de couleur seraient comblés si V. M. daignait, dans sa sagesse, ordonner de nouveau l’exécution dés édits de 1642 et de 1685,

  1. Ce commissaire royal de justice fut très-mal accueilli par les Créoles en 1820. L’explosion de la fin de 1823, n’est que l’expression des sentimens qu’ils émettaient alors publiquement, et des menaces qu’ils faisaient de s’opposer, par la force, à l’introduction des améliorations promises au nom du monarque. Ce nom sacré ne fut pas un palladium suffisant contre les outrages répandus dans certains écrits, et contre les calomnies de toute espèce, vomies contre le commissaire royal, contre M. le commissaire général ordonnateur de Ricard, et contre tous les fonctionnaires qui n’ont pas l’esprit colonial.

    Les ministres de la religion eux-mêmes sont persécutés, s’ils croient devoir, dans l’intérêt de l’humanité, réclamer contre les barbaries dont les Créoles se rendent journellement coupables envers leurs esclaves. Nous en connaissons qui sont revenus en France, révoltés des injustices des blancs.