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ils attendaient leur débarquement, et demandèrent ou la liberté ou leur mise en jugement.

Aucune réponse ne leur fut faite. — Les suppliques les plus pressantes et les plus respectueuses furent adressées au prédécesseur de Votre Excellence. Il garda le silence.

Craignant, par la publicité donnée à leurs plaintes, de fournir un aliment à la malignité, et de fournir des armes pour attaquer le ministère, ils s’abstinrent d’user du droit qui leur appartenait de faire connaître à la France, au monde entier, leurs justes griefs. — On disait dans les bureaux qu’un sursis était accordé. — On leur faisait espérer la solution la plus favorable. Déjà ils regardaient leurs fers comme brisés, et l’espérance renaissait dans leurs cœurs.

Tout-à-coup leur défenseur apprend que trente-cinq de ces infortunés colons, conduits de Brest à Rochefort, sont embarqués pour le Sénégal. — Il ne pouvait croire à une pareille résolution, qui détruisait toutes les espérances qui leur avaient été données et qui blessait toutes les règles de la justice, puisque la décision n’a aucune existence publique et qu’aucune réponse n’avait été faite aux réclamations.

Le défenseur se hâta d’implorer un ordre de sursis par voie télégraphique. En même temps il adressait au Roi, en son conseil des ministres, un mémoire justificatif, qui prouve que non-seulement les infortunés qui réclament la justice suprême du monarque n’ont pas conspiré, mais encore qu’ils sont les victimes des menées séditieuses de quelques esprits ardens et brouillons de la colonie.

On peut ici hautement l’avancer, parce que MM. Billecocq et Chauveau-Lagarde ont hautement exprimé leur conviction désintéressée à cet égard, ce mémoire a convaincu la France et le monde entier de l’innocence des supplians.

Son Excellence elle-même parut ébranlée. — Le 2 juillet elle fit adresser à leur défenseur une lettre