France, c’est pour avoir le droit de rentrer dans leurs foyers, et de reprendre la direction de leurs affaires.
C’est pour que le gouvernement prononce sur le droit, de retour ; si on ne faisait pas justice, les supplians seraient obligés de réaliser leurs fortunes, et d’abandonner une ingrate patrie qui leur aurait refusé la protection de ses lois et des juges.
Mais quant à la déportation au Sénégal, elle est d’une illégalité et d’une injustice manifestes. V. Exc. doit s’empresser de rappeler ceux qui sont partis, et bannir du cœur de ceux qui sont restés, la crainte d’une semblable mesure.
Si le climat du Sénégal n’est pas meurtrier pour ceux qui vont y chercher fortune, il l’est pour ceux qui y sont conduits comme des criminels avec le sentiment de l’injustice qui leur est faite.
Dans notre longue révolution, des mesures semblables ont été prises ; des Français ont été déportés à Synamary, à Cayenne et ailleurs ; combien en sont revenus ? et qui n’a pas regardé ces déportations comme la plus affreuse des peines ?
Le défenseur des hommes de couleur a répudié comme eux-mêmes l’héritage de la révolution ; il n’a invoqué que les anciennes ordonnances, que les garanties accordées par Louis XIII, Louis XIV et Louis XVI, et confirmées par notre auguste monarque : est-ce là provoquer à l’incendie des colonies ?
Quant à ceux auxquels S. M. a départi la noble mission de faire parler sa justice, quels ne seraient pas leurs regrets, d’avoir laissé échapper cette occasion de réparer la plus criante injustice ? Les passions politiques sont étrangères à cette cause ! il ne s’agit que d’humanité et de justice.
Quelle gloire attend le ministre qui, sans se laisser séduire par les clameurs de l’esprit colonial, saurait proclamer la vérité, et venger l’innocence outragée ? On ne trouve qu’une fois dans sa vie l’occasion de s’immortaliser.