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N° XXVI. Réponse aux deux lettres précédentes.

Paris, 16 juillet 1824.

Monsieur, j’ai reçu votre lettre du 14 de ce mois, à laquelle était jointe une procuration à vous donnée par divers individus propriétaires à la Martinique. Je vous fais repasser cette procuration.

Retenu à Paris comme député, il ne m’est pas possible, et quand je le voudrais, je n’aurais aucun moyen d’examiner et vérifier ici les faits sur lesquels votre dénonciation repose. Mais parmi les pièces non authentiques ni officielles qui accompagnent la dénonciation, j’en remarque une qui a pour objet d’obtenir du Conseil-d’État l’autorisation de poursuivre les mêmes fonctionnaires que vous me dénoncez. Cette marche, la seule régulière et légale, et dont en l’adoptant vous avez reconnu l’indispensable nécessité, m’imposerait, dans tous les cas, l’obligation d’attendre la décision du Conseil-d’État.

Je n’en transmettrai pas moins à mon parquet, à Rennes, les pièces non authentiques que vous m’avez adressées pour y servir de renseignement au besoin et selon les circonstances.

Recevez, Monsieur, l’assurance de ma considération distinguée.

Bourdeau.

N° XXVII. Extrait du journal des Débats.

Paris, 21 juillet 1824. (Journal du 22.)

Une nouvelle plaie de la France vient de se découvrir aux regards du public : l’affaire des hommes de couleur déportés nous révèle l’état précaire et dangereux où sont laissées nos colonies par l’absence d’une constitution fixe, claire et complète, qui détermine la position civile de chacune des classes d’individus dont la population coloniale se compose.

La véritable difficulté n’est pas dans les dispositions des nègres, classe facile à contenter toutes les fois qu’une administration ferme et paternelle veillera sur les abus d’autorité et les procédés inhumains auxquels d’ailleurs les nègres sont moins exposés dans nos colonies, que dans celles de la plupart des autres nations.

Le danger réel résulte de la position équivoque de la classe nombreuse, intelligente, courageuse et robuste des hommes de couleur. Produit pour ainsi dire naturel du climat, le mulâtre unit la force physique de l’Africain à l’énergie mentale