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autre amour, fut-elle égarée par ses nuits adultères[1] ? » Il est impossible de mieux marquer la différence essentielle qui sépare la légende achéenne, telle qu’on l’entrevoit dans l’Odyssée, où elle n’est que l’histoire d’une séduction banale, de la légende dorienne, telle que l’avait conçue l’auteur des Catalogues et que l’avait reprise Stésichore[2], qui était l’histoire de la vengeance d’une mère.

II

L'ORESTIE D’ESCHYLE

La tétralogie.

L’Orestie d’Eschyle fut représentée au printemps de 458 ; elle obtint le prix du concours[3]. Elle était accompagnée d’un drame satyrique, Protée, dont il ne nous reste rien, mais qui avait évidemment pour sujet les événements qui remplissent une partie du IVe Chant de l’Odyssée[4]. On y voyait donc Ménélas en Egypte, apprenant de la bouche de Protée l’assassinat d’Agamemnnon. Ici, comme dans Amymone et dans la Sphinx[5], il y avait un rapport étroit entre la trilogie tragique et le drame satyrique qui lui faisait suite. Une scène de l'Agamemnon y avait d’ailleurs préparé le public[6].

Les emprunts d’Eschyle.

A considérer l’ensemble de l’action dans l'Orestie, on remarque peu d’éléments nouveaux ; presque tout semble emprunté aux poètes antérieurs. Beaucoup de personnages ou de faits ont cependant subi des transformations impor-

  1. Trad. A. Puech.
  2. Nous savons que Stésichore n’ignorait pas le sacrifice d’Iphigénie (Philodème, Περἱ εύσεϐείας, p. 24).
  3. Voyez la didascalie, p. xxix.
  4. L’« Eidothée » de l'Odyssée (δ 366) y portait le nom d’« Eidô » (fr. 212).
  5. Cf. tome I, p. 10 et 108.
  6. Cf. p. 34, n. 3.