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nestre envoyait Électre, accompagnée de la Nourrice, porter des offrandes au mort. Devant le tombeau, Électre rencontrait Oreste, suivi de Talthybios[1]. C’est là qu’avait lieu la reconnaissance du frère et de la sœur : le fils que Clytemnestre avait voulu faire périr — et que la Nourrice n’avait dérobé à la mort qu’en lui substituant son propre fils[2] — revenait en vengeur à Argos. Guidé par Électre, il entrait au palais, et égorgeait Égisthe sur son trône même. Mais Clytemnestre avait suivi l’étranger et, au moment où il frappait le roi, elle accourait par derrière et levait la hache sur sa tête. Électre, d’un cri tardif, avertissait en vain son frère : la hache allait retomber, quand Talthybios, surgissant à son tour derrière Clytemnestre, arrêtait son bras[3]. Oreste tuait sa mère, et les Érinyes s’attachaient dès lors à ses pas. Mais Apollon, pour qu’il pût se défendre d’elles, lui prêtait son arc et ses flèches[4]. Nous ignorons le dénoûment qu’avait inventé Stésichore pour délivrer Oreste à jamais des Furies.

Pindare, dans la XIe Pythique, rappelle aussi, en une vingtaine de vers (16-37), l’histoire du « Laconien Oreste » Il semble suivre d’assez près le récit de Stésichore. Le seul intérêt de son témoignage, c’est qu’il nous montre le poète s’interrogeant sur les motifs du crime de Clytemnestre : « Était-ce Iphigénie, égorgée sur les bords de l’Euripe, loin de sa patrie, qu’elle pleurait, quand elle conçut ce ressentiment atroce ? Ou bien, subjuguée par un


    sa mère. Mais ce n’est là qu’une hypothèse, que la comparaison avec le récit de Sophocle (Électre, 417 suiv.) ne suffit pas à justifier.

  1. Cf. C. Robert, Bild und Lied, p. 167. — Talthybios est un héros laconien, et sa seule présence dans le récit nous indiquerait que Stésichore plaçait le palais d’Agamemnon en Laconie, si nous n’avions déjà à ce sujet un témoignage décisif (sch. Eurip. Oreste, 46).
  2. D’après Phérécyde (sch. Pind. Pyth. XI 25a), qui suit sans doute Stésichore, puisqu’il donne à la nourrice le nom de Laodamie, qui était celui qu’elle portait chez Stésichore (sch. Esch. Choéph. 733).
  3. D’après une peinture de vase qu’on trouvera dans S. Reinach, Répertoire des Vases peints, I 169 (cf. 2962).
  4. D’après le scholiaste d’Euripide, Oreste, 268.