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Thyeste avec les chairs de ses enfants, adultère d’Aéropé, etc., tandis que sur Clytemnestre, comme sur ses sœurs Hélène et Timandre, on faisait peser une malédiction d’Aphrodite[1].

Le lyrisme.

Le lyrisme choral a reprise la plupart des sujets de l'épopée. Parmi les poèmes lyriques qui étaient consacrés aux Atrides, le seul dont nous sachions quelque chose est l'Orestie de Stésichore[2]. L’œuvre avait une certaine étendue[3], et elle a joui d’une popularité durable, puisqu’Aristophane en cite quelques vers, en 421, dans sa parabase de la Paix. C’est à elle que l’on rapporte[4], avec beaucoup de vraisemblance, plusieurs scènes représentées sur des vases à figures rouges du début du ve siècle.

De l’œuvre elle-même il ne nous reste qu’un fragment qui puisse nous aider à la reconstituer. Ce sont deux vers relatifs à Clytemnestre[5] : « Elle crut voir venir à elle un serpent, dont le haut de la tête était ensanglanté ; puis le serpent, se transformant, se révéla le roi fils de Plisthène ». La meurtrière voyait donc sa victime lui apparaître dans un songe. Agamemnon a la tête sanglante, soit parce que Clytemnestre lui a fendu le crâne avec la hache[6], soit parce qu’après l’avoir percé de l’épée, elle a essuyé l’arme sur la tête du mort, pour détourner d’elle la vengeance[7]. Divers témoignages nous permettent d’entrevoir la suite. Clytem-

  1. Cf. Hésiode, fr. 93 Rz.
  2. Stésichore, dans l'Orestie, suivait, d’après Athénée (513 a), le modèle d’un certain Xanthos, également cité par Élien (Hist. Var. IV 26). Nous ne pouvons ni rejeter ce témoignage ni l’accepter sans autre preuve. — Simonide avait aussi parlé de la légende, mais nous ne savons ni où ni comment.
  3. Elle comprenait deux livres (Oxyrh. Pap. VIII, 1087, 1. 48).
  4. Depuis le livre de C. Robert, Bild und Lied.
  5. Cités par Plutarque, Mor. 555 a τᾶ δἑ δράχων έδόχησεν μολεῖν χάρα βεϐρτωμένος ἄχρον έχ δ᾿ ἄρα τοῦ βασιλεὺς Πλεισθενίδας έφάνη.
  6. Cf. Soph. Electre, 99.
  7. Cf. Soph. Electre, 445-46. — Pour accorder ce songe avec celui que décrit Eschyle dans les Choéphores (527-33), on a conjecturé qu’Agamemnon venait réclamer ses droits d’époux et que de cette union sinistre naissait le jeune serpent qui suce, avec le lait, le sang de