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NOTICE GÉNÉRALE

I

LA LÉGENDE D’ORESTE AVANT ESCHYLE

Homère.

L’Iliade ne contient aucune allusion à la légende d’Oreste. L’Odyssée au contraire en renferme plusieurs. En les rapprochant, on peut reconstituer de la façon suivante les grandes lignes du récit.

Agamemnon règne à Mycènes (γ 304). Au moment de partir pour Troie, il confie à un aède le soin de veiller sur Clytemnestre. Égisthe cependant entreprend de séduire la Reine. Longtemps elle résiste : « son cœur est honnête », et elle craint le témoin qu’Agamemnon a placé auprès d’elle (γ 263-68). Égisthe, de son côté, est averti par Hermès qu’il périra un jour par la main d’Oreste, s’il poursuit son dessein (α 35-43). Mais il méprise l’avis des dieux ; il fait jeter l’aède sur un îlot désert ; il triomphe des dernières résistances de Clytemnestre, et il la conduit dans sa maison, où il célèbre solennellement son mariage (γ 269-75). — Puis, pour se protéger contre un retour imprévu du Roi, il installe un guetteur sur une éminence. Quand paraît le vaisseau d’Agamemnon, Égisthe, aussitôt averti, se rend au-devant du vainqueur avec une nombreuse escorte et l’invite à célébrer chez lui par un banquet cet heureux retour. Il a, près de la salle du festin, caché vingt hommes armés : au signal donné, ils se précipitent sur les convives ; une lutte s’engage ; tous les hommes d’Égisthe périssent, mais aussi ceux du Roi, et le Roi lui-même (δ 519-37 ; λ 409-20). Dans une pièce voisine[1],

  1. En tout cas, hors du μέγαρου : Cassandre ne prend pas part au festin avec les hommes. Agamemnon, d’ailleurs, ne la voit pas tomber : il entend seulement son cri (au vers 423, ἀμφ᾽ έμοί signifie à cause de moi : δι᾽ έμέ est une des traductions données par les scholies).