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À 3 heures, cérémonie au cimetière, présidée par le nouveau Général. Le cortège part de la maison, il y a plus d’ordre que l’année dernière et il ne pleut pas. Discours du maire, de M. Garnier, très bien, et du Gal Brécard.

Jeudi 2 novembre

Messe à 7 h. ½. Une vraie surprise ; la visite de Doyen, commandant le 11e bon depuis quelques jours. C’est un plaisir de le revoir, bien portant, gai, et plein d’entrain. Il nous donne quelques détails sur la Somme où tout va bien, paraît-il, et est admirable d’organisation. Le bataillon a attaqué plusieurs fois sans succès le mont St  Quentin, qui est formidable. Péronne est transformé en forteresse et il faudra tourner la ville pour la prendre, comme on a fait à Combles. Il croit que cela continuera l’hiver, mais plus doucement.

Doyen me donne des détails navrants sur la mort de Sabardan. Le pauvre malheureux a été brûlé vif par des fusées qui ont mis le feu à ses vêtements ; il n’est mort qu’après 24 heures de souffrances épouvantables ; il a fallu le ligoter pour le mettre sur le brancard et Doyen a encore ses hurlements dans l’oreille. C’est horrible ; bien entendu, sa femme ignorera toujours ces détails.