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Lundi 16 avril

Le jour de l’attaque[1] ; c’est fort angoissant, et toute la journée, je vis en partie double. Le canon n’a pas arrêté de la nuit, aujourd’hui, c’est le silence et c’est encore plus impressionnant, en pensant à tout ce qui se passe. Les blessés arrivent en masse, ceux qui peuvent marcher viennent par groupe, je les vois passer des fenêtres de ma baraque. Je suis préposée maintenant aux soins des trépanés et je passe mon temps à en ramasser un qui tombe sans cesse de son lit, malgré liens et piqûre.

Les nouvelles de ce soir sont bonnes, on serait déjà à Neufchâtel s/Aisne ce qui est une belle avance, mais les bruits circulent, plus ou moins exacts. Le fort de Douaumont serait pris et perdu. Nous attendons avec impatience les nouvelles de demain.

Trois nouvelles infirmières sont encore arrivées, jolies, distinguées, mais l’air pimbêche. Avec la différence de nos services et nos deux tables, on pourra s’ignorer avec beaucoup de courtoisie.

Mardi 17 avril

Les blessés arrivent en masse, on les met partout, sur la paille, sur des brancards, Chevassu nous demande de lâcher nos

  1. Il s’agit de l’offensive Nivelle, ou bataille du chemin des Dames. Voir sa page wikipedia ; NdÉ.