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sera encore long, car on manque de munitions, comme les Allemands, d’ailleurs ; dans les tranchées, de part et d’autre, on tire à blanc, ce qui éternise la situation. Du côté de Roye les tranchées sont à 40 m les unes des autres et l’on cause ; les Français, loustics, ont pu faire venir 10 000 boules puantes qu’ils ont jeté dans les tranchées allemandes !

Nous avons déjà 100 000 prisonniers en Allemagne dont 20 000 venant de Maubeuge, mais il y a encore plus de prisonniers allemands chez nous.

Le Gal d’Amade a été mis à pied, ainsi que le Gal Sordet ; celui-ci aurait éreinté la cavalerie, à qui il a imposé de telles marches qu’une grande partie des chevaux sont morts ; on n’en a plus et on en a faire venir 20 000 de l’Argentine, mais il faut le temps de les dresser ; une partie des cavaliers partent comme cyclistes, ou même fantassins à cause de cela[1].

La défaite de Charleroi est due à Sauret et la reddition de Lille à Percin, deux misérables qui auraient dû être fusillés.

Les soldats belges sont bons, mais les officiers incapables.

La bataille de la Marne a été une grande et incontestable victoire due à Foch, Maunoury

  1. « Notre cavalerie serait, dit-on apparue sur les derrières de l’ennemi, mais on n’ajoute pas foi dans l’efficacité de son action ; elle est « trop fatiguée ». Quelle criminelle chose que d’éreinter les divisions de cavalerie avant la bataille ! Si, à l’heure actuelle, cette arme était intacte, pas un Allemand de l’aile droite ne devrait sortir de France. Or si la cavalerie est « trop fatiguée », c’est moins la faute aux missions qu’elle a reçues qu’à la manière dont elle fut martyrisée par ses propres chefs. Ils ne lui ont épargné aucun déplacement inutile ; chaque jour, même lorsqu’ils n’avaient pas le contact étroit avec l’infanterie ennemie, ils l’ont ramenée, pour stationner, en arrière de ses soutiens d’infanterie ; il est clair que cette pratique n’a pas peu contribué à mettre à bas hommes et chevaux, car ces mouvements rétrogrades ont été souvent très longs, d’autant plus longs que les soutiens, marchant sur leurs pieds, restaient plus en arrière.

    Est-ce que la cavalerie, par hasard, ne saurait pas placer des avant-postes, comme tout le monde, et protéger ses cantonnements ?

    Le général en chef a relevé de son commandement le général Sordet, commandant le corps de cavalerie, à qui nous devons qu’après avoir tant fait marcher ses escadrons depuis le début de la campagne, ils ne peuvent plus aujourd’hui rien faire pour la cause commune. » Journal du général Buat ; NdÉ.