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Le nouveau médecin-chef est arrivé ; c’est le fameux de Lignerolles, cousin de Mlle Hafner, il va falloir nous méfier.

Samedi 8 février

Je me lève enfin aujourd’hui, mais M. Legrand me défend de descendre, même demain, il exagère, car je me sens bien guérie. Le soir, visite du médecin-chef aimable, trop aimable, il nous couvre de fleurs dans des phrases macaroniques[1], et cela ne me dit rien qui vaille.

Dimanche 9 février

Cela n’a pas été long ; Mlle de Viarmé vient me prévenir qu’elle a heureusement éventé un complot pour nous faire sauter du service de chirurgie et y mettre une nouvelle équipe d’U. F. F. à notre place ; c’est pour cela qu’on voulait nous mettre à Mulhouse ! Heureusement que le médecin principal ne veut pas nous lâcher, l’autre aura du mal à nous avaler ; son chef direct et nous d’un coup, le morceau serait un peu gros. Seulement il ne sait plus quoi faire de son équipe ; tout cela est fort ennuyeux, au fond,

  1. [1] ; Une langue macaronique […] est une langue inventée au XVe siècle en Italie, pour écrire des poésies. Cette langue est composée de mots de la langue maternelle de l’auteur auxquels on ajoute une syntaxe et des terminaisons latines ; NdÉ.