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quelques uns en papier ou en chiffons, touchants par ce qu’on y a mis d’âme.

Nous visitons le lazaret, d’où les boches sont partis précipitamment en laissant tout en l’air. Ce serait parfait si c’était propre mais d’ailleurs nous ne devons pas rester et on ne déballe rien.

Tout a l’air en pagaye dans les administrations ; on s’attendait peu à une victoire si rapide, et l’organisation est au dessous de tout.

Nous déjeunons avec nos majors, pour la dernière fois, car leur popote s’organise ce soir, et il n’y a pas assez de places pour nous.

Nous allons avoir nos billets de logement pour l’hôtel et probablement une indemnité de vivres ; heureusement, car ce genre de vie devient ruineux.

Promenade dans l’après-midi, visite de la cathédrale, visite au logement d’H qui nous offre l’hospitalité de son bureau. Nous en profiterons quelquefois, car avec cette vie décousue, c’en est finie de notre bonne intimité.

Musique militaire où l’on joue la Marseillaise, bien entendu, que de choses cela représente. Les nôtres se sont fait tuer pour ce fait si petit et pourtant si grand, une musique française jouant dans Mulhouse !