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Déjeuner à leur popotte où un bon café nous réchauffe.

À l’hôpital, tout le monde est en effervescence. M. H avec quelques autres étaient hier à Mulhouse pour l’entrée des troupes, et ils sont encore sous le coup de l’émotion ressentie. Impossible de rendre l’enthousiasme délirant de la population ; les femmes ayant confectionné des drapeaux avec des chiffons, les vieillards se souvenant de 70 et regrettant que les petits enfants ne soient pas assez grands pour comprendre la grandeur de cette journée. D’un autre côté, Mlle Germain et une des Viarmé sont parties pour Sentheim et ne sont pas encore revenues ; sont-elles allées jusqu’à Mulhouse. Tout le monde pense à l’entrée des troupes à Strasbourg et désire y aller ; ce sera bien difficile.

Dans l’après-midi, retour de Mlles  G. et V. ravies de leur expédition qui rend les autres folles de jalousie.

Au moment où nous nous préparons pour le grand dîner des toubibs arrive l’ordre du départ de l’A. C. A. pour Mulhouse. C’est une joie délirante et tout le monde trépigne. Aussi le dîner se ressent-il de la joie générale ; c’est l’entrée en Alsace que nous fêtons de façon très bruyante. Après, séance des ombres de Laby. Nous les connaissons depuis Morvillars, mais elles sont si jolies que c’est un plaisir de les revoir.

Notre seul regret est l’absence de Renée elle aurait tant joui de tout cela.