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Je lui remets des lettres, par un truc, on va essayer de leur faire éviter le stage de 5 jours à Vesoul ; nous verrons si cela arrive plus vite.

4 heures. Les photos sont ratées, on recommence aujourd’hui.

M. Rich. et le lt nous apporte une bonne nouvelle venant de la préfecture, mais non officielle. La pointe que les Allemands font sur la Fère aurait été coupée ; si c’est vrai, c’est très heureux ; cela va donner le temps aux troupes envoyées d’ici d’arriver.

Malgré tout, on se prépare à Paris.

10 heures. Je m’installe pour veiller ; j’écris à Renée en lui parlant d’un siège possible, mais sans trop insister.

Mardi 1er  Septembre

Juste un mois depuis la mobilisation.

11 heures. Visite du lieutenant de la Rivière ; il a appris hier soir que je l’avais cherché et est venu ce matin ; c’est un gentil garçon du 42e, en garnison à Belfort ; il a été blessé à la main et au bras par deux balles à Dornach, mais ce n’est pas grave et dans huit jours il pourra regagner son régiment. Il m’a raconté ses impressions de combat, l’élan, l’enthousiasme, la folie héroïque de tous, sa rage en recevant sa première balle qui ne l’a pas empêché de continuer à se battre, le râle du premier homme qu’il a tué, la lâcheté des Allemands qui font d’abord le plus de mal possible pour se rendre dès que l’on tombe sur eux, de façon à courir moins de risques ; c’est ce qui explique le grand nombre de prisonniers. Aussi est-il décidé maintenant