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il sera en règle ; c’est une bien charmante nature.

La petite Mme Oberreiner est venu nous dire que son mari est parti bien installé dans un wagon de 2e classe. Dès qu’il sera arrivé à destination, il enverra une dépêche à sa femme pour qu’elle aille le rejoindre ; nous aurons sûrement une lettre un de ces jours.

Mme Ob. a emporté comme une relique le caleçon que j’ai enlevé à son mari à son arrivée et qui était trempé du sang de sa blessure ; la mère est venue aussi nous remercier de tout ce que nous avions fait pour son fils. Elle nous apporte l’illustration pour que nous ayions un peu de nouvelles de Paris.

4 h. Visite de Mme de N.. Elle a vu le lt Keller qui lui confirme la nouvelle des 5 corps d’armée détruits ; ce ne sera officiel que dans quelques jours. L’avion allemand que nous avons vu hier a été atteint près de la frontière.

Mme Ihler amène sa belle-sœur que l’on a ramenée en une heure de Thann ; comme l’on évacue l’Alsace et que les Allemands vont très certainement y revenir, les plus exposés des Alsaciens rentrent en France ; elle nous dit ce qu’elle a vu de ses yeux, les Allemands mettant en avant de leurs troupes des jeunes filles alsaciennes pour empêcher les Français de tirer, fusillant à tort et à travers, brûlant des villages entiers, massacrant prisonniers et blessés, enfin des horreurs indignes. Quelle différences avec nos admirables soldats !

Loton revient du recrutement, il