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Lundi 17 août

Notre sergent va mieux, les autres aussi ; rien de bien intéressant et notre inaction nous pèse. Je bénis l’arrivée affolée d’un jeune homme de 18 ans environ qui souffre d’une lymphangite consécutive à une piqûre. On lui a dit que c’était mortel et il se voit déjà enterré. Je lui fais un pansement et Mme des L. lui dit de se mettre en règle avec les autorités pour venir se faire panser régulièrement.

Pas de nouvelles ; les renseignements se confirment que les ordres de mobilisation allemande envoyaient leurs réservistes rejoindre leurs corps à Épinal, Reims, etc. ; et que le 20e jour, ils devaient être sous Paris. Tu parles !! comme disent nos soldats.

2 heures. Le jeune homme de ce matin revient, renvoyé par le major ; je l’installe dans ma salle, il est très inquiet de son sort. Ce ne sera rien du tout et dans quelques jours il sera remis.

Notre aumônier arrive bouleversé ; un curé d’un village frontière a été arrêté et amené ici, accusé d’avoir sonné les cloches au moment de l’arrivée des Français pour en prévenir les ennemis. Par une malheureuse coïncidence, la sonnerie de l’Angélus qui avait été supprimée pendant 8 jours, avait été reprise ce jour là sur la demande des religieuses et c’est juste à ce moment que nos troupes sont arrivées. Il passe demain en conseil de guerre ; c’est un ami de notre aumônier, un prêtre de 55 ans qui est extrêmement francophile ; ce serait une