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la bataille et elles volent éperdues sans savoir où aller. Après quelque temps, elles s’éloignent et nous les perdons de vue.

3 heures. Visite intéressante, M. Meyer, notre comptable, nous amène un avoué de Belfort, qui accompagne M. Helmer, de Colmar, défenseur de Hansi. Il a pu quitter l’Alsace, trois jours avant la mobilisation sachant ce qui l’attendait s’il restait. Nous lui avons tout fait visiter.

Il a tout trouvé bien, et nous a félicitées de façon fort aimable.

Des aéroplanes passent continuellement au dessus de notre tête, venant de l’est ou y allant. Ils sont bien beaux avec leur disque tricolore au-dessous de leurs ailes et tous nos vœux les accompagnent.

4 h. ½. Nous partons prendre le thé chez Mme de N. qui nous l’a demandé, quand Mme R. arrive en courant ; on fait évacuer son ambulance du B. M. et elle vient nous demander si nous pouvons prendre des malades. Bien entendu que oui ; nous lâchons le thé et préparons notre chambre, tout étant en ordre c’est l’affaire de quelques minutes. Nos malades arrivent ; ah ! ils ne ressemblent pas aux premiers, ceux-là ; ce ne sont pas des blessés, frappés en pleine santé et encore tout remplis de l’excitation du combat ; ce sont de pauvres garçons démolis, déprimés par une maladie quelconque, entérite, sciatique, etc. et qui sont tristes comme des bonnets de nuit. Le docteur passe la visite et donne ses prescriptions ; c’est plus compliqué que dans la chirurgie et il faudra veiller à ne faire aucune confusion.