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de Romans ; la Sala, en Espagne ; le Salat, affluent de la Garonne ; le Salha et le Saleys (Basses-Pyrénées) ; la Saale, en Allemagne ; le Sal, affluent du Don, appelé lui-même Silis par les Scythes, etc. Notons en passant qu’il est quelquefois difficile de distinguer les noms dérivant de salire, jaillir, et de sala, eau, et que les substantifs ayant le sens de cours sont formés de la même manière que les noms des diverses rivières ; ceux-ci ont été substantifs avant de devenir noms propres.

La Savasse, Savacia dans les Xe et XIIe s. (M. Giraud, Preuves, t. III, p. 8 et 136), inondait souvent autrefois les bas quartiers de Romans : c’est le mot sanscrit sava, eau, chose liquide, avec la terminaison péjorative asse, donnée par les Romanais à un cours d’eau très-incommode. On rencontre la même racine dans sua (contraction de sava), torrent, en irl. ; saiws, lac, mer, en goth. ; seo, en t. ; see, en all. ; saba, il a imbibé, en héb. ; sabag, teinturier, en ar. ; sapa, suc, sève, sabaia, bière, en l. ; le Savus de la Pannonie ; le Savo de la Campanie ; la Savena de Bologne ; les deux Sabis (Pictet, t. I, p. 139 ; — Burnouf, p. 701) ; la Saverne, la Sève de Normandie ; la Sauve, qui coule près de Nyons, et la Sepy, près de Die, etc. Le Pont-de-Barret, sur le territoire duquel se trouve une source minérale, s’appelait Savenna avant le Xe s. Ce nom a été conservé, car le quartier de Savenne est à un kilomètre du village (Bull. arc., 1867, p. 225). L’ancien nom a dû tomber en désuétude, lorsque l’on construisit un pont sur le Roubion. Pour Savasse, voir le § V.

Veaunes est un village dont le territoire est traversé par la Veaune, qui se jette dans l’Isère. Il est probable que le cours d’eau a donné son nom au village, appelé Villa Vedena en 909, Vedona en 1031, et Veana dans le titre de l’acte de 1031 (M. Giraud, Preuves, t. I, p. 25 ; t. III, p. 17), Veauna en 1461. Le château, qui était une maison forte sans juridiction, a été acquis en 1389 par Guillaume de Fay ; peu d’années avant 1789, Philippe de Fay-Solignac le légua à M. Bruno du Vivier, son neveu[1]. Il appartient aujourd’hui à M. Savy. Quant au fief, il a

  1. M. de Rivoire de la Batie, Armorial de Dauphiné, p. 707.