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On porta donc le cercueil au cimetière et l’on revint ensuite se mettre à table comme c’est l’usage dans le pays.

Qu’on juge de la surprise des bonnes gens qui, en déroulant le torchon, trouvèrent le cadavre de l’enfant au lieu des saucisses qu’ils comptaient manger.

Ils retournèrent immédiatement au cimetière, déterrèrent le cercueil, mirent l’enfant à la place des saucisses qu’ils rapportèrent à la maison, et qui servirent au repas des invités.

Un soir d’automne, en revenant de la chasse, je traversais le petit bourg de Noë-Blanche, lorsque je vis un petit paysan de neuf à dix ans, le bras en écharpe, qui pleurait en marchant.

Je lui demandai ce qu’il avait.

Il me répondit, entre deux sanglots, et en me montrant un doigt d’enfant qu’il avait dans une main : « Je me suis abattu le doigt avec une faucille et je vas l’enterrer dans le cimetière. »