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En effet, à cent pas plus loin, il aperçut un monsieur, avec de grandes bottes et des éperons, qui avait une cravache sous le bras.

Le nouveau venu se planta au milieu du chemin et dit d’une voix formidable : — Donne-moi ton couteau.

Simon, tout tremblant, lui présenta la lame de son Eustache. Satan poussa un cri de rage, continua son chemin vers l’endroit où le cheval était attaché en disant : Sale bête ! tu as parlé, gare à toi ! Il enfourcha aussitôt l’animal, et Le Bigre les entendit s’enfoncer comme un ouragan dans la forêt. Les buissons tremblaient, les branches craquaient et les cailloux faisaient feu sous les pieds du cheval, qui filait comme le vent.

Simon Le Bigre s’en alla se coucher, mais il ne dormit guère cette nuit-là.

(Conté par le père Guérin, âgé de 80 ans, garde de la forêt de Teillay.)