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pour les invités, elles remarquèrent qu’au lieu de trois moutons qu’elles possédaient, il y en avait un quatrième qui vint près d’elles en bêlant gentiment pour se faire caresser, et qui se frottait contre elles en faisant l’aimable.

L’une des filles dit : « C’est tout de même ben drôle. Je ne connais point ce mouton-là. Il n’est pas du village. Ma fa, tant pire. J’vas tirer mon jarretet[1] pour l’attacher à la boucle de fer que v’la dans le mur. »

C’est ce qu’elle fit ; mais aussitôt que l’animal se vit attaché il poussa des cris effrayants, se démena, sauta, fit des bonds à faire trembler l’étable, ses yeux furieux semblaient lancer des flammes.

L’une des filles alla chercher son frère qui vint couper le jarretet, et le mouton qui n’était autre que Maît’ Jean, se sauva dans la cour de la ferme où il alla s’asseoir sur une pierre, près des écuries.

Il revint à cette place presque tous les soirs, et pendant que les gens de la ferme étaient assis sur le seuil de la porte, à manger leur

  1. Jarretière.