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reportait la farine. Il était bavard comme une pie borgne et, parcourant sans cesse tous les villages, il apprenait les nouvelles qu’il colportait d’un bout à l’autre de la paroisse.

Ce n’était point alors comme de nos jours, les gazettes étaient inconnues dans les campagnes, et les commères attendaient avec impatience le père Richard, pour savoir ce qui se passait loin de chez elles.

Le bonhomme aimait bien à lever le coude, et un jour qu’il s’était oublié à boire des chopines et à raconter ses histoires dans les fermes où il allait, le soleil était couché depuis longtemps lorsqu’il songea à retourner à Cicé.

Il grimpa à la fin sur son guichenas[1] et se mit en route.

En longeant le talus d’un pré, il vit au clair de la lune, assis devant lui, un nain avec une grande barbe qui lui descendait jusqu’au bas du ventre, et de grands cheveux qui l’abritaient par derrière.

  1. Nom donné à une race de chevaux de lande qui ont à peu près disparu, et qui autrefois étaient nombreux dans le canton de Guichen.