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les efforts de ses amies pour la retenir, et se dirigea vers le chêne.

Il fallait que le cidre lui eût tapé sur la caboche (tête), ou que le diable lui-même la poussât.

Les femmes de la ferme la virent avec terreur, s’éloigner dans la nuit. Les hiboux gémissaient dans les bois du Boschet, l’insensée n’y prit garde. On entendait au loin comme un vague bourdonnement : — C’est la chanson des sorciers, dirent les fileuses. — C’est le vent dans les arbres leur cria la folle, et elle pressa le pas.

Les femmes entendirent encore le bruit de ses sabots sur la terre gelée, puis elles rentrèrent terrifiées, dans l’étable, attendre la malheureuse.

Elles attendirent longtemps, les fileuses du Boschet. Jamais l’insensée qui avait tenté le diable ne revint à la ferme.

Le matin, lorsqu’elles osèrent aller à sa recherche, elles aperçurent dans le haut du chêne au loup, la coiffe et des lambeaux de vêtements ayant appartenu à la pauvre fille.

Depuis ce temps-là bien des années ont