Page:Adolphe Orain - Contes du Pays Gallo.djvu/51

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Comment cela ? Je ne possède pas une obole.

— Tu possèdes cinquante écus, et tous les matins tu en auras autant. Le cœur de pigeon, que tu as mangé hier soir et que tu ne pourras jamais digérer, procure chaque nuit cinquante écus à la personne qui l’a avalé. Mais d’ailleurs, ajouta-t-elle, tant que tu seras ici, tu n’auras pas besoin d’argent. Tu trouveras tout ce qu’il te faut, et je vais donner des ordres pour que de savants professeurs viennent te donner des leçons.

Au bout de quelques années, l’ancien cherchou-de-pain ne se reconnaissait plus lui-même. Au lieu du vagabond déguenillé c’était maintenant un beau jeune homme instruit, distingué et habile à tous les exercices d’adresse. Il est bon d’ajouter que, comme il était intelligent et travailleur, ses maîtres n’avaient pas eu beaucoup de peine à en faire un jeune homme accompli.

Sa bienfaitrice — qui n’était autre qu’une fée — l’aimait comme son fils et s’efforçait de lui rendre la vie aussi douce que possible.