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LES TROIS FRÈRES

essayer de vous rendre l’aisance et d’obtenir la main de votre charmante fille, si elle y consent.

— Oh ! vous ne ferez pas cela ! s’écria Môna, les yeux baignés de pleurs.

— Et pourquoi ? répondit le jeune homme. Ne me croyez-vous pas digne d’aspirer à devenir votre époux ?

— Je ne dis pas cela. Mais vous ne savez donc pas que vous courez à une mort certaine, et que je ne veux pas que vous mouriez pour moi ?

— Rassurez-vous, Môna, je tiens peu à la vie. Elle a été si pénible et si amère pour moi jusqu’ici, que, si je ne vous avais pas rencontrée, je la quitterais vraiment sans trop de regrets.

— Si votre jeunesse n’a pas été heureuse, reprit la jeune fille, c’est que l’avenir vous réserve de douces joies. Ainsi ne cherchez pas à vous défaire d’une existence que Dieu seul a le droit de vous enlever.

Ils causèrent ainsi très avant dans la nuit. Malgré tout ce qu’on put dire, pour le