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sur ses pas, quand elle s’entendit appeler par son nom.

Les paroles semblaient sortir du rouet.

La jeune fille regarda de son mieux et découvrit, juché sur la poignée du rouet, un petit nain si petit, si petit qu’il était à peine visible. Il fit tout à coup tourner la roue de l’instrument avec une adresse étonnante, et se mit à filer de la laine qui, passant par ses doigts agiles, devint plus fine que les fils de la Vierge que l’on voit sur les landes, après les premières gelées d’octobre.

Le nain, tout en travaillant, recommença sa chanson. Voici ce qu’il disait :

« Viens voir mon travail, Marie, et dis-moi si tu es contente.

« Si tu crois qu’on peut mieux faire, je tâcherai de te satisfaire, car je suis ton ouvrier.

« Le rouet et moi nous t’appartenons. Nous travaillerons jour et nuit, jusqu’à ce que tu sois riche, mariée et heureuse. J’en ai pris l’engagement envers la pauvre vieille qui a rendu son âme à Dieu et les lutins ne trahissent jamais leurs promesses. »