les joncs, je fus interpellé de la manière suivante, par une vieille femme qui filait sa quenouille en gardant sa vache :
— Vous aussi, vous l’avez vue et entendue, sans doute.
— Qui cela, ma bonne femme ?
— La malheureuse qui, chaque nuit, vient ici laver son drap de lit.
— Non ma foi ; mais je serais heureux de connaître son histoire.
Alors la vieille se fit prier, car les paysans n’aiment pas à causer quand on les interroge. Mais je lui parlai d’elle, je la questionnai sur ses enfants, sur ses chagrins, — nous en avons tous, hélas ! — et je revins sur l’histoire de la mare que je finis enfin par lui faire raconter.
— Elle n’est ni longue ni gaie, me dit-elle, ainsi que vous allez en juger :
« Il y avait dans ma jeunesse, au bourg de Chantepie, une vieille avaricieuse qui faisait tant travailler son pauvre homme et le nourrissait si mal que le malheureux mourut à la peine.
« Quand il fallut l’ensevelir, elle le mit