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INTRODUCTION.


Marg’rite Courtillon — qui est morte depuis longtemps — était bien la plus étrange petite bonne femme que l’on pût imaginer. Elle tenait à Bain une misérable auberge, dans la rue de la Rouëre, et c’était chez elle que descendait toute cette population vagabonde qui, alors, parcourait la France d’un bout à l’autre : les rétameurs de cuillères et de casseroles, les pauvres enfants de l’Auvergne, venant sous les pluies de l’automne et les brumes de la Toussaint, ramoner nos cheminées, les peillotous de Quintin, qui parcouraient les villages en échangeant quelques mouchoirs de couleur mauvais teint, contre des chiffons destinés à faire du papier, les normands chasseurs de chevelures qui s’en allaient, les jours de foires et de marchés, tondre les magnifiques cheveux de nos paysannes, et enfin les taupiers qui, pour cent sous par an, surveillaient et débarrassaient des taupes les prairies des cultivateurs.