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été subite, et tellement sa présence dans ce lieu désert leur semblait étrange.

Sous le prétexte qu’ils étaient pressés, ils allongèrent le pas, espérant ainsi se débarrasser de cette femme ; mais ils eurent beau faire, elle marchait tout aussi vite qu’eux.

Lorsqu’ils atteignirent le village de la Bréharais, ils virent de la lumière dans un cabaret, et le moins brave des deux voyageurs déclara qu’il avait soif, et qu’il allait entrer se rafraîchir ; son camarade le suivit, et l’inconnue en fit autant.

Tous les trois pénétrèrent dans l’auberge, et prirent place à une table où on leur servit une bouteille de vin blanc.

L’un des compagnons remarqua, à la lueur de la chandelle, que la voyageuse avait au bout des doigts des griffes qui perçaient ses gants, et des pieds qui ressemblaient plutôt à ceux d’un jeune poulain qu’à ceux d’une femme. Il fit part de sa découverte à son camarade, qui se leva de table comme pour aller allumer sa pipe au foyer ; mais avisant l’aubergiste, il lui fit signe de sortir, et lui raconta la rencontre qu’ils