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lopin de champ et l’exploitait à sa façon. Ursule, l’aînée, avait une vache qu’elle conduisait et gardait dans son champ d’un bout de l’année à l’autre, et qui lui fournissait du lait et du beurre dont elle tirait profit.

Gertrude, elle, cultivait des pommes de terre, qui atteignaient la grosseur d’une citrouille sans qu’on sût jamais comment elle s’y prenait, ce qui rendait jaloux tous les jardiniers de la paroisse.

Les deux sœurs vivaient donc à l’aise, ce que ne les empêchait pas de regretter amèrement d’avoir à leur charge la pauvre orpheline. Et encore c’était à qui ne l’aurait pas.

Les autorités du pays furent souvent obligées d’intervenir pour les contraindre à la prendre chez elles et à la garder, chacune au moins huit jours durant.

Chez l’une, elle ne mangeait que de la galette et du lait, chez l’autre que des débris de pommes de terre gâtées.

Malgré cette nourriture la fille ne dépérissait point. Elle devint même, en peu de temps, plus fraîche et plus jolie qu’une pomme de coquereu.