Page:Adolphe Orain - Contes du Pays Gallo.djvu/213

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Que vous donniez de l’esprit à ce pauvre gars qui est mon mari.

La fée toucha aussitôt de sa baguette la figure de l’Hébété qui changea immédiatement d’expression. Ses yeux brillèrent d’un éclat inaccoutumé et il se mit à remercier la fée et sa femme dans les termes les plus convenables, comme si toute sa vie il avait été l’homme le plus aimable du monde.

Il devint aussi spirituel qu’il avait été bête, aussi savant qu’un maître d’école et plus madré qu’un notaire.

Tous les habitants du pays ne firent plus rien sans le consulter, et dans toute sa commune on le considéra comme le personnage le plus important du bourg.

Sa femme et lui furent au comble du bonheur : ils eurent de beaux enfants, doux et bons comme leur mère, et qui eurent suffisamment de cervelle pour faire leurs affaires, puisqu’ils sont aujourd’hui les plus riches bourgeois de la contrée.


(Conté par Pierre Brunel, âgé de 66 ans, maréchal-ferrant au bourg de Poligné.)