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l’Hébété se rendit dans la famille de Jelotte où les choses se passèrent selon ses désirs, paraît-il, puisque quelque temps après la noce eut lieu.

Les années s’écoulèrent, et le ménage ne sembla pas trop malheureux.

L’existence de la jeune mariée était cependant assez triste : elle soignait ses parents, surveillait son mari, ne se plaignant jamais, acceptant son sort en femme vraiment vertueuse.


III

Un jour que Jelotte était allée avec Jean se promener sur les bords d’une rivière, ils rencontrèrent une petite vieille, assise sur la rive qui pleurait et se lamentait. Elle tenait en laisse un loup et une chèvre, et avait un chou sur les genoux.

— Qu’avez-vous donc, ma bonne femme ? lui dit Jelotte.

    — Bonjour, dirai moi ; viens flairer savoir si fille à vous sera femme à moi ?

    — Bien de l’honneur nous faire, diront-ils.

    — L’honneur est devers moi, dirai moi.