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Les deux familles vivaient en bonne intelligence, et se voyaient fréquemment. Jeanne, fille unique, avait perdu sa mère de bonne heure et avait, pour ainsi dire, été élevée par Mme  du Plessis.

L’amour des deux enfants était né presque en même temps qu’eux, et avait grandi avec les années.

Cependant, hélas ! le seigneur de la Driennays, riche et avare, n’entendait pas marier sa fille à un cadet de famille, et les jeunes gens comprirent qu’ils ne vaincraient jamais sa résistance, que les plus beaux raisonnements viendraient se briser contre l’entêtement du vieillard. Celui-ci avait, d’ailleurs, choisi pour gendre un gentilhomme des environs pour le moins aussi riche que lui.

Le chagrin des deux enfants était navrant et, sans les idées chrétiennes dont Louis était animé, il eut, certes, songé à en finir avec la vie. Aussi apprit-il, presque avec joie, la croisade projetée, et peut-être même espéra-t-il ne jamais revenir de Palestine.

Lorsqu’il fit part de sa détermination à