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d’un profond sommeil, ses narines se dilatèrent, il ouvrit les rideaux en disant : « Je sens la chair fraîche ! »

Sa femme le repoussa en s’écriant : « Ne touche pas à cette enfant ! »

— Mais pourquoi cela ? Je ne comprends pas qu’on ne l’ait pas fait rôtir, pour mon souper.

— Regarde-la donc, monstre que tu es ! dit la vieille en approchant la lumière du visage de la fillette. Aurais-tu le courage de manger un ange pareil ?

— Eh ! pourquoi pas ? dit-il en ricanant. Serait-ce la première fois, par exemple ?

— Tu ne l’auras cependant pas, reprit la femme, ce sera peut-être un jour la plus jolie personne du monde, et je veux la conserver pour la marier à notre fils.

— Tu as, ma foi, raison, répondit l’ogre, je n’y avais pas songé. C’est une bonne idée que tu as là.

Et il alla se coucher. Un instant après, il ronflait à faire trembler les murs.

L’ogresse, qui n’avait qu’une médiocre confiance en son mari, songea toute la