Page:Adolphe Orain - Contes du Pays Gallo.djvu/110

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Si tu consentais à me laisser la vie, je ferais ta fortune.

— Merci, répondit le pêcheur, des richesses avec des conditions sans doute, je sors d’en prendre, je n’en veux plus.

— Je vois bien, reprit le brochet, que tout ce que je pourrais t’offrir ne changerait pas ta détermination, et, malgré cela, je veux faire quelque chose pour toi.

« Au lieu de me vendre au marché, mange-moi en famille, et écoute bien ce qu’il en résultera :

« Si tu donnes mon cœur à manger à ta femme, elle aura trois fils d’une beauté incomparable et d’une bravoure excessive. Tous les trois seront marqués d’une étoile au front. Si tu fais boire à ta jument l’eau qui aura servi à me cuire, elle aura trois poulains merveilleux, destinés à tes fils, et marqués comme eux d’une étoile sur la tête. Si ta chienne mange mes entrailles, elle aura, elle aussi, trois chiens braves comme leurs maîtres et marqués de la même façon.